Carte blanche à
Dominique Attingré

DÉLÉGUÉE POUR LA DORDOGNE
Dès mon plus jeune âge, à travers mon oncle paternel déporté politique dès 1942, mon père – son plus jeune frère – engagé dans la résistance et mon arrière oncle maternel, poilu gazé dans les tranchées de la guerre de 14/18 et qui me parlait de la solidarité de ses compagnons de misère, tirailleurs sénégalais, j’ai été confrontée à la prise de conscience que l’on peut maîtriser sa vie par ses choix, même s’ils sont dangereux. Bien sûr, il faut savoir choisir ! J’ai été sensibilisée très tôt à ce que c’est de défendre les droits de l’Homme, les combats sociaux et politiques pour les droits et les libertés, savoir se libérer des préjugés racistes et discriminatoires dans un esprit humaniste. Pour moi ce sont des principes essentiels pour essayer de mener une vie digne, une vie de femme libre !
En mai 2001, au cours d’un colloque au Palais des Congrès de Paris intitulé « La dignité humaine, un droit inaliénable », je faisais la connaissance de Henri Caillavet et de l’ADMD. Plus tard, je suis venue vivre en Dordogne ; le délégué d’alors quittait ses fonctions et me demandait si je voulais bien lui succéder. Décision difficile. Après réflexion, j’acceptais. Me voilà confrontée à des appels téléphoniques, pathétiques. Des adhérents désespérés qui me confient leurs difficultés… Je crois que ce sont ces moments-là qui sont les plus difficiles à vivre émotionnellement car, au début, on se sent démuni. Il faut organiser des conférences,des rencontres, des débats, rencontrer d’autres associations, des politiques, échanger, informer, essayer de convaincre... Pas facile de prendre la parole en public devant des gens qui ne partagent pas forcément vos idées… Lorsque je prépare ces conférences publiques, je vais toujours relire les arguments de nos contradicteurs, parfois agressifs et violents, car il faut faire face dans l’immédiateté sans se désarçonner. C’est aussi un travail sur soi-même qu’il faut pratiquer et, quelques fois, une remise en cause personnelle. Je me suis totalement investie et je ne le regrette pas. Toutes ces rencontres m’ont enrichie et me permettent de mieux comprendre les angoisses, les motivations de chacun. Déléguée de l’ADMD, c’est défendre une liberté fondamentale, porter un combat juste et humaniste dans lequel je me retrouve.