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Carte blanche à
Didier Bartan

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Tribune
2 juin 2023
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DÉLÉGUÉ POUR LA GUADELOUPE, LA MARTINIQUE ET LA GUYANNE

Depuis mon plus jeune âge, je suis en contact avec le monde associatif par l’intermédiaire de ma mère, une femme passionnée, dynamique et engagée. Je l’ai toujours vue faisant feu de tout bois sur de nombreuses thématiques qui lui tenaient à cœur : sportive, syndicaliste, politique et sociale. Il a toujours été question pour elle de faire triompher la justice. Malgré ce modèle inspirant, aucune cause n’avait spontanément éveillé mon engagement.

Telle était la situation jusqu’à ma rencontre avec l’ADMD en 2017, car le sujet de la fin de vie, qui n’était pas une préoccupation pour moi, l’est devenu dès que j’en ai saisi la cohérence. Cela s’est passé lors d’une conférence à Basse-Terre, en Guadeloupe. L’intervenant était le président de l’époque, Jean-Luc Romero-Michel : ses explications, la logique de son discours m’ont permis de prendre conscience de l’importance capitale pour chacun de pouvoir décider de sa fin de vie. Je crois qu’il n’est pas exagéré de parler d’un véritable déclic, car ce sujet auquel je ne m’intéressais pas jusqu’alors m’est désormais apparu comme totalement évident. J’avais déjà abordé la question de la mort avec ma mère, avec des proches, des membres de notre famille, mais jamais du cheminement avant l’issue fatale, jamais de la fin de vie au sens propre, particulièrement lorsqu’elle est difficile, c’est-à dire douloureuse. Et pourtant ce ne sont pas le histoires difficiles qui manquent sur notre île.

Dans ces territoires, où la plupart de la population descend d’humains qui ont subi la déportation et l’esclavage, où règne un rapport à la mort empreint d’une ambivalence manifeste entre l’omniprésence de la culture judéo-chrétienne et le poids de l’histoire des ancêtres, le sujet de la fin de vie s’avère parfois un peu délicat à aborder. Autant nous honorons nos morts lors de veillées où la fête cohabite avec le recueillement, autant nous illuminons les tombes de nos disparus dans les premiers jours de novembre, nous préférons ne pas parler de la fin de vie : il y a la mort, dont nous sommes coutumiers, et ce qui précède qui ne nous préoccupe pas, comme si cette phase nous ramenait à une partie de notre histoire, aux réminiscences des traumatismes que nous préférons garder enfouis au fond de notre oubli collectif.
C’est dans ce contexte qu’il m’est arrivé de discuter de la mort et plus précisément de la fin de vie avec des amis, des membres d’associations aux-
quelles j’appartiens. J’ai été frappé par l’indifférence de certains sur le sujet, la méconnaissance de la plupart et la connaissance du sujet par un petit nombre, essentiellement en rapport avec le droit ou le monde médical. Je dirais plutôt que les gens ne sont pas indifférents au sujet : ils le sont, jusqu’à ce qu’on en parle, et là, ils y trouvent de l’intérêt car ils comprennent la démarche.
Au-delà de notre engagement pour l’adoption d’une loi qui permette une fin de vie digne pour chaque citoyen, nous avons aussi pour mission d’éveiller les consciences afin que chacun prenne en main ce sujet au niveau personnel.