Le Journal
de l'ADMD

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Juin 2025
Journal N°161 de l'ADMD

Le mardi 27 mai 2025 restera dans l’histoire de notre combat comme une date fondatrice. À l’unanimité, les parlementaires ont reconnu un accès universel aux soins palliatifs. Pour la première fois, l’Assemblée nationale a également voté en première lecture une loi sur l’aide à mourir. Ce vote, aussi imparfait soit-il dans le contenu du texte adopté, porte une charge symbolique immense. Il concrétise des décennies de mobilisation, de témoignages, de combats humains et politiques pour qu’enfin, en France, le droit de mourir dans la dignité soit reconnu comme une liberté fondamentale.

Ce moment, nous le devons d’abord à vous. À vous, adhérents et militants qui, au fil des années, avez porté la voix de celles et ceux que la souffrance condamne à une fin de vie inacceptable. Votre soutien, votre fidélité, votre engagement, votre détermination sans relâche ont rendu ce vote possible. Ce vote historique est aussi le vôtre.



Il ne s’agit pourtant pas d’une victoire totale. Le texte voté reste en deçà de nos espérances.

Les critères d’accès à l’aide à mourir sont encore trop restrictifs, l’autonomie réelle des patients trop encadrée, et l’absence d’une reconnaissance d’une demande d’aide active à mourir dans le cadre de directives anticipées crée une insécurité qui fragilise le principe même de liberté. Nous ne sommes pas encore à la hauteur des législations adoptées par certains de nos voisins depuis plus de 20 ans. Mais nous avons franchi un pas indéniable. Refuser la poursuite du débat autour de ce texte serait un déni démocratique mais il nous faut rester sur nos gardes.

Car ce vote n’est pas un aboutissement : c’est une étape. La première d’un marathon législatif qui verra le texte débattu au Sénat, amendé, réécrit, renvoyé à l’Assemblée. Il faudra tenir bon, garder le cap, défendre sans relâche les valeurs de dignité, d’accompagnement fraternel, de liberté de conscience et d’égalité d’accès sans qu’une demande exprimée ne se transforme en parcours du combattant pour celle ou celui qui en aurait fait le choix.

L’ADMD sera au rendez-vous, comme elle l’a toujours été depuis 45 ans. Elle portera vos voix, vos espoirs, votre exigence. Ce combat pour une fin de vie libre et choisie ne fait que commencer. Mais ce 27 mai 2025, pour la première fois, la République a reconnu qu’elle ne pouvait plus détourner le regard. 

À toutes et tous, merci. Continuons ensemble.

Jonathan Denis
Président de l'ADMD

Journal
N°161
Journal N°161 de l'ADMD
Précédentes éditions
Février 2025
Journal N°160 de l'ADMD

EDITORIAL

Le déni de démocratie.

Des tergiversations d’Emmanuel Macron sur un projet de loi moultes fois reporté après avoir réuni une convention citoyenne sur la fin de vie, à une dissolution arrêtant brutalement les discussions à l’Assemblée nationale alors que nous étions à seulement neuf jours d’un vote historique, puis une censure du Gouvernement de Michel Barnier annulant le calendrier qui prévoyait une reprise de ce texte début février, nous pensions avoir tout connu en deux ans.

C’était sans compter l’irruption d’un nouveau Premier ministre, en la personne de François Bayrou, qui décide de mentir sur les législations étrangères, de faire passer ses croyances personnelles avant les demandes exprimées par la société et d’annoncer un beau matin que tout le travail démocratique fait sur l’accompagnement en fin de vie devait être revu. Un coup de main à tous les opposants à l’aide active à mourir qui usent depuis des années des mêmes stratagèmes et un véritable déni de démocratie.

En affirmant qu’il va scinder le texte sur la fin de vie pour opposer artificiellement les soins palliatifs au suicide assisté et à l’euthanasie, François Bayrou renie les convictions de son propre groupe politique et fait le jeu de certains représentants de soins palliatifs qui refusent de voir dans l’aide à mourir un soin ultime comme le revendiquent pourtant les médecins dans les pays qui refusent de voir dans l’aide à mourir un soin ultime comme le revendiquent pourtant les médecins dans les pays qui ont légiféré bien avant nous, comme l’affirment avec fraternité les soignants en Belgique qui accompagnent des Français condamnés à franchir la frontière pour être respectés dans leurs choix.

François Bayrou voulait diviser celles et ceux qui souhaitent à la fois la légalisation de l’aide à mourir et l’accès à des soins palliatifs partout et pour tous. Objectif raté, puisqu’une majorité de parlementaires et de militants pour le droit de mourir dans la dignité lui ont signifié qu’il se trompait lourdement.

Ne sachant plus à quel saint se vouer, le Premier ministre, après avoir voulu laisser la main au Parlement pour reprendre les discussions arrêtées en juin 2024, puis après avoir fait marche arrière, souhaite maintenant que les deux textes soient étudiés en même temps et votés le même jour.

Le sujet de la fin de vie mérite de l’écoute, du sérieux, du respect. Nous ne les percevons pas aujourd’hui de sa part. Et pendant ce temps-là, les Français ne peuvent toujours pas décider pour eux-mêmes. Nous ne lâcherons rien pour que ce texte, unique, soit voté le plus rapidement possible.

Jonathan Denis
Président

 

Journal
N°160
Journal N°160 de l'ADMD
Octobre 2024
Journal N°159 de l'ADMD

Nous avons vécu de grands instants lors de notre assemblée générale,fin septembre, à Toulouse.
Instant démocratique avec la reconnaissance, par une immense majorité des adhérents de notre association, du travail effectué par le conseil d’administration, par les délégués et par les différentes commissions (Jeunes, Soignants, juridique, ADMD Écoute, comité culturel, représentation des usagers du système de santé). Je voudrais ici sincèrement vous remercier pour votre confiance renouvelée et pour votre soutien de chaque instant. Vous êtes la force de notre association et vous portez l’ADMD dans chacune de ses paroles, dans chacun de ses actes.

Instant politique très attendu avec l’affirmation de notre exigence pour la reprise immédiate de l’étude du texte sur l’accompagnement en fin de vie déposé par le député Olivier Falorni et qui reprend, in extenso, le projet de loi amendé et brutalement arrêté dans ses discussions par la dissolution du 9 juin dernier. Nous avons également entendu les paroles fortes de représentants de la société civile et les engagements des parlementaires présents. Je l’écris une nouvelle fois : nous n’attendons pas du Premier ministre qu’il accepte de « reprendre le dialogue » en début d’année prochaine. Nous exigeons que les parlementaires puissent poursuivre, tout de suite, le travail interrompu dans la précédente législature sur les soins palliatifs et d’accompagnement, sur les droits des malades et sur l’aide active à mourir.

Ces six mois perdus sur les discussions autour de la fin de vie, ce sont des mois volés à celles et ceux qui, face à la maladie et aux souffrances, n’en peuvent plus.

Instant d’hommage et de recueillement enfin, avec le souvenir du témoignage de Loïc Résibois, militant pour le droit de mourir dans la dignité, atteint de la maladie de Charcot, qui nous a quittés en septembre dernier. Et au-delà de Loïc, nos pensées se sont tournées vers toutes celles et tous ceux qui n’ont pu être accompagnés comme ils le souhaitaient en France et qui, parfois, ont été obligés de partir à l’étranger pour être entendus dans leurs souffrances. Nous ne lâcherons rien. Nous leur devons. Nous vous le devons. Et ainsi, nous pourrons vivre un grand instant : celui du vote d’une loi humaniste et républicaine dans l’accompagnement en fin de vie.

Jonathan Denis
Président de l'ADMD

 

Journal
N°159
Journal N°159 de l'ADMD
Juin 2024
Journal N°158 de l'ADMD

Et maintenant ?

Un immense gâchis. C’est ce qui reste du projet de loi « Fin de vie » né après la Convention citoyenne de 2023. La dissolution a balayé tout ce qui avait été construit. Nous avions – très tôt – fait face aux difficultés dans la construction de ce texte : reports incessants, diffamations de certains élus, trahisons de certains de nos plus fidèles soutiens. Face à cela, nous avions réussi à imposer une voix responsable et à l’écoute. Nous incarnions la fidélité aux convictions et aux demandes exprimées par des millions de Français. Je vous dois cette force et cette détermination qui avaient permis d’obtenir des changements majeurs dans le texte discuté à l’Assemblée nationale.

À l’heure où j’écris ces lignes, j’ignore qui gouvernera au lendemain du 7 juillet. J’ignore si nous pourrons compter sur une majorité pour reprendre, au plus vite, les discussions et voter cette loi de liberté. J’ignore si les grands opposants à ce que nous défendons seront au pouvoir et ainsi auront la possibilité de gâcher définitivement cette occasion inédite d’une écoute des patients en souffrance qui demandent à avoir le choix plutôt qu’à être condamnés à partir à l’étranger pour être respectés dans leur parole.

Comme président de l’ADMD, vous m’avez confié un mandat : tout faire pour obtenir la légalisation de l’aide à mourir et l’accès universel aux soins palliatifs. Jamais, je ne vous trahirai. Jamais, je ne baisserai les bras. Jamais, je n’accepterai que nous renoncions collectivement. Nous le devons à celles et ceux que nous avons accompagnés. Nous le devons à celles et ceux qui placent leur espoir en nous.

Je porterai inlassablement l’espoir de cette loi. Je ferai tout – absolument tout – avec notre conseil d’administration pour que le travail réalisé depuis de nombreuses années soit respecté et que cette loi républicaine et humaniste soit votée. Nous avons, plus que jamais, besoin de vous et de votre soutien. Vous êtes l’ADMD. C’est avec vous que nous pourrons réussir.

Jonathan Denis
Président

Journal
N°158
Journal N°158 de l'ADMD
Février 2024
Journal N°157 de l'ADMD

Nous en avons marre d’attendre !

Il y a un an, Emmanuel Macron s’engageait devant la Convention citoyenne sur la fin de vie à présenter un projet de loi sur l’aide active à mourir « d’ici la fin de l’été 2023 ». Le même président de la République expliquait à la télévision, en décembre 2023, qu’il présenterait le plan décennal sur les soins d’accompagnement en fin de vie, en janvier 2024 et le texte sur la légalisation du suicide assisté et/ou de l’euthanasie en février. Fin janvier, le nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, lors de son discours de politique générale devant les parlementaires, s’engageait à présenter à l’Assemblée nationale un projet de loi sur l’accompagnement en fin de vie « avant l’été 2024 ».

Nous pourrions moquer ces reports, ces hésitations, ces atermoiements. Mais nous sommes en colère. Nous l’avons dit, nous le disons et nous le redirons encore : « Nous en avons marre d’attendre ».

Quand Emmanuel Macron assume publiquement de « prendre son temps » sur le sujet de l’aide à mourir, nous lui rappelons que les Français, atteints d’une affection incurable avec des souffrances insupportables, ne l’ont plus, ce temps. Ils ne demandent qu’une seule chose : être accompagnés légalement, en France, dans leurs choix quand la vie n’est devenue que de la survie.
Je pense à notre amie Katherine Icardi-Lazareff, qui nous a quittés dernièrement, et qui n’avait pas le temps que revendique le Président.

Nous voulons une loi qui respecte toutes les consciences. Nous voulons une loi qui n’abandonne pas les malades. Nous voulons une loi qui légalise l’aide active à mourir, même en l’absence de pronostic vital engagé à court terme. Nous voulons une loi fraternelle et solidaire.

Cette loi, nous la voulons en 2024. Grâce à votre engagement, nous y arriverons ensemble.

Ne nous laissons plus voler la dernière de nos libertés !

Jonathan Denis
Président

Journal
N°157
Journal N°157 de l'ADMD