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Didier Peillon, ce médecin engagé et fraternel... Par Jonathan Denis, président de l'ADMD

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Publié le
26 septembre 2025

Didier Peillon

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Écouter et comprendre sans aucun jugement. Accompagner et ne jamais abandonner l’autre. Didier Peillon est ce médecin engagé et fraternel. Il est ce médecin au service des patients. Il est celui qui consent et n’impose pas.

Sa voix est primordiale dans le débat sur l’accompagnement en fin de vie permettant à la fois un accès universel aux soins palliatifs et une légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Il assume les mots comme il assume les morts. Didier Peillon ne se cache pas derrière une certaine hypocrisie qui envahit bien trop souvent les discours de certains soignants opposés à une nouvelle législation sur l’aide active à mourir. Il dit ce que nous savions mais c’est un grand courage que de l’écrire dans cet ouvrage : légiférer permettra de protéger les soignés et les soignants.

Tant de souffrances soulagées dans le plus grand secret. Tant d’accompagnements dans le silence. À l’interdit de ce qui est un soin ultime se double l’impossibilité d’en parler librement pour ne pas être traîné devant les tribunaux et être radié de la profession.

Didier Peillon raconte les souvenirs de soignants. Il dit sa propre vérité. Cette vérité, je l’ai affrontée à l’âge de 25 ans quand mon père, atteint d’un cancer généralisé et n’en pouvant plus de ses souffrances physiques et psychologiques, a fait le choix du moment où il souhaitait éteindre la lumière. Sa vie n’était devenue que de la survie. Je revois son regard planté dans le mien, j’entends à nouveau ses mots restitués dans une promesse à tenir : le soutenir dans sa liberté jusqu’au bout.

Dans ces instants, un autre regard est apparu. Dans ces moments, une autre voix s’est fait entendre : celle du médecin qui avait compris la demande de mon père et qui devait tenir la même promesse que la mienne. Alors, il m’a expliqué les faits, il m’a dit comment les choses allaient se dérouler. Il l’a fait dans une chambre d’hôpital, il a aidé mon père à mourir. Je n’oublierai jamais ce geste qui pour moi restera un geste d’amour. Je n’oublierai jamais cette humanité qui a accompagné, tout du long, la fin de vie de mon père. Je n’oublierai jamais qu’il a fallu garder cela secret pendant de longues années pour ne pas causer du tort publiquement à ce médecin. J’ai attendu son décès pour en parler et m’assurer ainsi qu’il ne risquerait rien. Une loi autorisant l’aide active à mourir l’aurait protégé de son acte comme elle aurait protégé mon père, ne l’obligeant pas à chercher dans la clandestinité comment faire et comment trouver celui qui pouvait l’aider.

Ce médecin aurait pu être Didier Peillon. Ce médecin a fait ce que des milliers d’autres ont fait avant lui et ce que des milliers d’autres font encore maintenant. Ces médecins n’ont pas moins d’éthique que ceux qui refusent de faire ce geste. Ces médecins ne sont pas moins soignants que ceux opposés à l’aide active à mourir. Ils sont ceux qui assument ce soulagement des souffrances, ils sont ceux qui assument ce soin.

Dans son livre, Didier Peillon n’écrit pas une certitude universelle. Il dit qui il est, il dit qui sont ces soignants qui accompagnent jusqu’au bout. Il n’heurte aucune conscience puisqu’il les respecte toutes.

En refermant son livre, j’ai eu envie de lui dire le même mot que j’ai prononcé à ce médecin qui a respecté mon père dans son libre choix : merci !

Oui, merci d’être là, merci d’aider, merci de ne pas fuir.

Nous avons besoin de sa voix pour que la France se dote, enfin, d’une loi permettant le droit de mourir dans la dignité.

Jonathan Denis
Président de l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité

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Soignants
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